Vous souhaitez créer un aménagement paysager à la fois beau, durable et respectueux de l’environnement? Les plantes indigènes sont une solution idéale pour y parvenir. Non seulement elles apportent une touche naturelle et unique à votre jardin, mais elles favorisent aussi la biodiversité en s’intégrant parfaitement à l’écosystème local.

Dans cet article, je vous invite à découvrir l’importance des plantes indigènes et comment les intégrer harmonieusement dans vos projets paysagers. Suivez-moi à travers mes expériences et projets réalisés pour vous inspirer à adopter ces précieuses alliées dans vos aménagements extérieurs.

Dans mon article de mars 2025, je vous ai présenté des plantes indigènes et vous ai expliqué leur rôle-clé dans la création de jardins écologiques.

Dans ce nouvel article, je vous propose de découvrir plusieurs espèces indigènes qui s’intègrent harmonieusement dans un aménagement paysager résidentiel ou urbain.

À travers quelques projets réalisés — dont mon propre aménagement — je vous montrerai comment ces plantes peuvent apporter une touche unique, esthétique et authentique à vos espaces extérieurs.

Mais avant de poursuivre sur le sujet, je tenais à vous mettre en garde avant d’intégrer des plantes indigènes à votre aménagement. Même si elles sont magnifiques et bénéfiques pour l’environnement, quelques précautions s’imposent.

  1. Apprenez à les reconnaître. Si vous êtes du genre à sarcler avec enthousiasme… prenez le temps de bien identifier vos plantes indigènes! J’ai vu des clients tout arracher en pensant avoir affaire à des mauvaises herbes.
  2. Informez-vous sur leurs caractéristiques. Certaines plantes sont parfaites pour stabiliser les sols et prévenir l’érosion, mais elles peuvent aussi se propager rapidement. Assurez-vous qu’elles conviennent à l’espace dont vous disposez.
  3. Procurez-les-vous auprès de fournisseurs spécialisés. Il existe des entreprises fiables qui se consacrent à la vente de plantes indigènes. Évitez de les prélever directement dans la nature — laissez plutôt les écosystèmes sauvages suivre leur cours, et laissez la nature prendre sa place autant que possible!

Un projet de façade réalisé à l’Île d’Orléans — ce petit paradis naturel

C’est une zone assez ombragée et aride, en raison des gros arbres qui poussent autour des plates-bandes, ce qui crée des zones plutôt sèches et en compétition avec le système racinaire des arbres. De plus, le terrain est en pente, limitant davantage l’accès à l’eau. Pour composer avec ces conditions exigeantes, j’ai opté pour des plantes robustes, dont plusieurs espèces indigènes.

À travers les plantes horticoles, nous avons intégré des géraniums sauvages en couvre-sol. Quelques Diervilla lonicera forment de beaux massifs. Des fougères ponctuent l’ensemble du jardin, créant une belle unité visuelle même s’il ne s’agit pas toujours de la même espèce.

Je vous l’avoue, il y a eu un peu de triche : le mélèze planté n’est pas indigène, mais un hybride horticole greffé. Le rhododendron déjà présent a été conservé, bien que le rhododendron du Canada aurait été une alternative locale intéressante. Pour ce qui est de la spirée, nous avons choisi la variété Arguta, et le Clethra utilisé est le « Ruby Spice ». Dans les 2 cas, des options indigènes auraient aussi pu convenir.

Voici donc un aperçu de cet aménagement dans sa jeunesse.

Les flèches sur les photos sont des plantes indigènes.

Projet "Lien forestier" — St-Jean-Chrysostome
Un aménagement en continuité avec la nature

Dans ce projet situé à St-Jean-Chrysostome, nous avons travaillé sur un petit espace en bordure d’une bande forestière, entre 2 terrains résidentiels. L’objectif était simple mais porteur de sens : redonner à la nature ses droits et réduire l’entretien humain au minimum.

Dès le départ, une belle diversité de plantes indigènes a été installée, en misant sur des espèces capables de s’intégrer à la nature… mais aussi de coexister avec les humains! Car lorsqu’on est habitué à sarcler, dès le mois de juin, il peut être facile d’arracher par mégarde ce qui est pourtant précieux. Certaines plantes n’ont pas survécu, probablement éliminées par une main un peu trop rapide ou par leur incapacité à rivaliser dans cet écosystème en évolution.

Voici quelques-unes des espèces indigènes qui ont été plantées lors de la phase initiale :

Adiantum pedatum, Calamagrostis canadensis, Dryopteris marginalis, Geum, Lysimachia, Onoclea sensibilis, Polygonatum pubescens, Maianthemum racemosum, Teucrium canadense, Thalictrum dioicum, Thelypteris noveboracensis, Tiarella cordifolia, Deparia acrostichoides (Athyrium thelypteris), Chelone glabra, Hordeum jubatum, Achillea millefolium, Anemone multifida, Antennaria howellii ssp. canadensis, Symphyotrichum novae-angliae, Gentiana andrewsii, Iris setosa var. canadensis, Linnaea borealis, Myosotis laxa, Primula laurentiana, Prunella vulgaris, Schizachyrium scoparium.

Ce projet est un bel exemple d’aménagement qui s’efface pour laisser la forêt reprendre doucement sa place, tout en maintenant une certaine structure et intention humaine.

Les flèches sur les photos sont des plantes indigènes.

 

Les plantes indigènes peuvent véritablement transformer un aménagement — la preuve est sous vos yeux!

Projet “Adieu pelouse” – Lévis (secteur St-Jean-Chrysostome)
Un aménagement naturel sans gazon

Dans ce projet en pente, situé près d’un muret et au cœur d’un sous-bois d’arbres matures, notre objectif était clair : éliminer complètement la pelouse. Pour y parvenir, les plantes indigènes se sont imposées comme une solution idéale pour créer un environnement propre, attrayant et demandant peu d’entretien.

Une belle diversité de végétaux a été choisie pour cohabiter en harmonie : un mélange réfléchi de plantes indigènes et horticoles qui, à maturité, offrira un effet visuel riche et naturel.

Parmi les espèces indigènes sélectionnées, notons : Cornus canadensis, Adiantum pedatum, Maianthemum racemosum, Tiarella cordifolia.

Ces plantes sont accompagnées de quelques espèces naturalisées, comme la petite pervenche (Vinca minor), l’hémérocalle fulva et Ajuga reptans. Les Hosta, bien qu’horticoles, s’intègrent parfaitement dans ce type d’environnement ombragé et offrent un joli contraste avec les feuillages des différentes fougères.

Les conifères déjà présents, comme la jeune épinette et les cèdres laissés en forme naturelle, ont bien entendu été conservés. Ils participent pleinement à l’équilibre de ce décor vivant.

Les flèches sur les photos sont des plantes indigènes.

(Vous vous demandez ce qu’est une plante naturalisée ou horticole? Consultez mon article de blogue sur les plantes indigènes pour tout comprendre.)

Chez moi, les plantes indigènes se sont tranquillement taillé une place

Au fil des années, j’ai agrandi mes plates-bandes en y intégrant une grande diversité de plantes, dont plusieurs espèces indigènes. Parmi elles, différentes variétés de fougères, de la ciboulette, des Iris versicolor, de la galane glabre (Chelone glabra), de l’échinacée pourpre, du sceau-de-Salomon, ainsi que des Rudbeckia laciniata.

Côté arbustes, j’ai entre autres planté un Aronia melanocarpa qui me régale chaque année avec ses petits fruits. (D’ailleurs, j’ai rédigé un article de blogue spécialement sur cette plante pour les curieux!). J’ai aussi un Physocarpus opulifolius qui s’est installé un peu par hasard — c’est en fait le plant mère d’un physocarpe « Diablo » que j’ai laissé pousser… et il prend peu à peu la place de l’autre!

Enfin, quelques viornes se sont ajoutées à mon jardin. Si je me fie à leur allure, ce sont probablement toutes des Viburnum trilobum.

Un jardin en constante évolution

En plus des plantes que j’ai soigneusement choisies et intégrées, la nature a également apporté son lot de surprises. Des violettes, de l’achillée blanche (Achillea millefolium), du myosotis, et des asclépiades incarnata ont trouvé leur place dans mon jardin. Au printemps, les clintonies et les érythrones font leur apparition, apportant de la beauté à chaque coin du jardin. Je soupçonne même que ces dernières sont arrivées avec la terre des mélèzes, car des spirées à larges feuilles ont également fait leur apparition!

Je suis également tombée sur quelques Sisyrinchium montanum, de la bermudienne et du Tanacetum vulgare. Ces dernières ont tendance à se répandre un peu trop à mon goût, mais je les garde tout de même, espérant les maîtriser. J’ai aussi découvert un petit sabot de la Vierge tout jaune, un vrai bijou que je cherche encore à installer à l’endroit idéal pour profiter pleinement de sa floraison exceptionnelle.

Côté aménagement, je dois avouer que mon terrain est davantage constitué de plates-bandes que de zones gazonnées. Mais la plate-bande la plus simple à entretenir est celle composée de fougères et de sceaux-de-Salomon. Ces deux plantes se propagent tranquillement, et sont accompagnées de Chelone glabra, de hostas et de ligulaires, créant un ensemble stable et harmonieux. La pelouse et la maison qui délimitent le reste de la plate-bande aident à garder les choses bien en place et à contrôler les plantes un peu plus envahissantes.

Les autres plantes se retrouvent par-ci, par-là, dans différentes zones aménagées, créant un jardin dynamique et varié.

Voici un récapitulatif des plantes que j’ai utilisées dans mes projets, classées selon leur exposition au soleil. Cela peut vous aider à choisir les plantes idéales pour votre aménagement en fonction des différentes zones d’ombre, mi-ombre ou en plein soleil.

Vous pouvez cliquer sur le nom de la plante pour en savoir plus à son sujet. J’ai choisi avec soin des liens en lesquels j’ai confiance.

Plante indigène Ombre Mi- ombre Soleil
Adiantum pedatum (Capillaire du Canada) 

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Maianthemum racemosum (Smilacine à grappes)

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Tiarella cordifolia (Tiarelle cordifoliée)

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Onoclea sensibilis (Onoclée sensible)

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Geum (Benoite) 

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Polygonatum pubescens (Sceau-de-Salomon)

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Lysimachia nummularia (Monnayère)

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Chelone glabra (Chelone blanc)

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Hordeum jubatum (Orge agréable)

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Dryopteris marginalis (Dryoptère à sores marginaux) 

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Teucrium canadense (Germandrée du Canada) 

X

X

Thalictrum dioicum (Pigamon dioïque) 

X

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Deparia acrostichoides (Athyrie argentée) 

X

Symphyotrichum novae-angliae (Aster de la Nouvelle-Angleterre) 

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Iris setosa (Iris de Hooker) 

X

Linnaea borealis (Linnée boréale) 

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X

Myosotis laxa (Myosotis laxiflore) 

X

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X

Primula laurentiana (Primevère laurentienne) 

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Achillea millefolium (Achillée millefeuille – peut tolérer un peu d’ombre) 

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Anemone multifida (Anémone multifide)

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Rudbeckia laciniata (Rudbeckie laciniée) 

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Aronia melanocarpa (Aronie à fruits noirs) 

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Sisyrinchium montanum (Bermudienne) 

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Tanacetum vulgare (Tanacetum vulgaire) 

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Antennaria howellii ssp. canadensis (Antennaire du Canada)

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Cornus canadensis (Quatre-temps)  

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Clintonia borealis (Clintonie boréale) 

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Erythronium spp. (Érythrone) (sortent avant les feuilles des arbres) 

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Spirée à larges feuilles (Spirée à larges feuilles)

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Je vous recommande de valider l’information en consultant quelques sources fiables. N’oubliez pas de tenir compte de votre zone de rusticité, elle est essentielle dans le choix des plantes.

Fournisseurs et sites web recommandés pour acheter ou obtenir plus d’informations

Si vous êtes à la recherche de plantes indigènes ou d’informations supplémentaires sur leur plantation et entretien, voici quelques ressources fiables :

  1. Les Jardins de l’Écoumène
  2. Nature Conservancy of Canada - Pour en apprendre davantage sur la flore indigène au Canada.
  3. Akène, culture forestière
  4. Aiglon Indigo, végétaux et semences indigènes
  5. Eco Habitation
  6. Espace pour la vie Montréal
  7. Fondation David Suzuki

J’ai d’autres projets présentés sur ma page de réalisations, où l’utilisation de plantes indigènes a été particulièrement mise en avant. Allez jeter un œil, cela pourrait vous convaincre que les plantes indigènes s’intègrent parfaitement dans vos aménagements paysagers. C’est bénéfique pour vous, mais aussi pour l’environnement – un véritable win-win-win!.

Maintenant que vous en savez un peu plus, cela vous donne-t-il envie d’ajouter des plantes indigènes dans votre propre jardin?

Je vous confie un petit secret… J’ai l’intention de planter un Hamamelis et quelques bleuets Angustifolia dans mon aménagement pour ajouter encore plus de biodiversité.

En somme, l’intégration des plantes indigènes dans vos aménagements paysagers n’est pas seulement une belle manière de créer un jardin esthétique et durable, mais aussi un geste précieux pour la biodiversité et l’environnement. Ces plantes, adaptées à notre climat et à notre sol, nécessitent peu d’entretien et offrent des avantages écologiques multiples.

Alors, qu’attendez-vous pour vous lancer et adopter ces trésors locaux dans vos projets paysagers?

Marie-Joëlle Saucier, Paysagiste-Conseil