À travers mes derniers articles, je vous ai dévoilé plusieurs astuces pour aménager un jardin écologique, pensé pour soutenir l’environnement et encourager la biodiversité. L’une d’elles consistait à utiliser des plantes indigènes. Aujourd’hui, explorons ensemble cette approche et découvrons ses bienfaits.

Qu’est-ce qu’une plante indigène?

Depuis près de 12 000 ans, les plantes locales ont évolué en s’adaptant progressivement aux conditions de leur environnement. Seules celles dotées des caractéristiques nécessaires à leur survie ont traversé les âges, façonnant ainsi la flore indigène. Au Québec, plus de 1 700 espèces ont résisté aux variations climatiques et co-évolué avec la faune, contribuant à une biodiversité riche et résiliente.

Les plantes indigènes ne poussent pas seulement en forêt. On les retrouve aussi dans les prés fleuris, en bordure des routes, dans les clairières et partout où elles peuvent s’implanter naturellement, sans l’aide de l’humain. Elles sont adaptées au sol, au climat et aux précipitations de leur milieu, car elles sont originaires du territoire où elles poussent.

Les plantes indigènes s’installent naturellement dans leur habitat en colonisant les espaces disponibles et en cohabitant avec d’autres plantes, insectes et animaux. Elles contribuent ainsi à la création d’écosystèmes diversifiés et équilibrés.

Attention à ne pas les confondre avec les plantes exotiques, les plantes exotiques envahissantes ou les plantes horticoles.

Voici quelques notions pour vous aider à mieux les distinguer.

1. Plantes exotiques

Une plante exotique est une espèce introduite, volontairement ou non, dans un territoire situé en dehors de son aire de répartition naturelle.

On distingue 2 types de plantes exotiques :

 Les plantes naturalisées : Elles s’adaptent à leur nouvel environnement sans perturber l’équilibre des écosystèmes locaux.

  Les plantes naturalisées envahissantes : Elles se propagent rapidement et nuisent à la biodiversité en supplantant les espèces indigènes.

Avec les changements climatiques, certaines plantes originaires de régions plus au sud commencent à s’implanter plus au nord, profitant de conditions plus favorables. Les plantes exotiques peuvent provenir d’autres pays ou même d’autres continents.

L’introduction de ces espèces au Canada remonte au tout début de la colonisation européenne,  souvent par l’action humaine, que ce soit pour des usages médicinaux, horticoles, agricoles ou encore par accident.

 Plantes exotiques naturalisées

Une plante exotique naturalisée est une espèce introduite qui parvient à se reproduire naturellement dans son nouvel environnement, sans intervention humaine. Elle s’adapte aux conditions locales et s’intègre aux écosystèmes sans nécessairement nuire aux plantes indigènes.

Exemples : le pissenlit et la marguerite blanche vulgaire.

Pissenlits
Marguerites blanches
Roses trémières, plante ornementale naturalisée
Échinacées pourpres, plante introduite au Québec, avec de nombreux cultivars de toutes sortes de couleurs
Lupins, plante introduite et naturalisée
Tradescantias, plante introduite et naturalisée

 Plantes exotiques envahissantes

Une plante exotique envahissante est une espèce introduite qui se propage rapidement et perturbe les écosystèmes dans lesquels elle s’implante. Elle modifie la structure, la composition et le fonctionnement des milieux naturels, nuisant parfois ainsi aux espèces indigènes.

Certaines de ces plantes possèdent des atouts qui leur permettent de dominer la flore locale. Elles occupent l’espace, monopolisent les ressources et se développent à une vitesse impressionnante, souvent sans prédateurs naturels pour en limiter la croissance. En l’absence de contrôle, elles peuvent altérer profondément la biodiversité et fragiliser les milieux qu’elles envahissent.

Exemples : la renouée du Japon, la berce du Caucase, le myriophylle à épis (plante aquatique) et le roseau commun (phragmite).

Phragmite
Renouée du japon

2. Plantes horticoles

Les plantes horticoles sont cultivées et sélectionnées par l’humain, souvent pour leurs qualités esthétiques, la taille de leurs fruits ou leur résistance accrue aux maladies et aux conditions environnementales. Grâce à un travail minutieux de sélection et d’hybridation, ces plantes sont développées pour répondre à des critères spécifiques, comme une meilleure adaptation aux sols, une floraison plus abondante ou une croissance optimisée.

On retrouve également sur le marché des variétés issues de sélections génétiques, conçues pour être plus résistantes aux parasites et aux maladies présentes dans leur environnement.

Les jonquilles : de nombreux hybrides naturels et des milliers de cultivars uniques.

Le terme “cultivar” désigne une plante sélectionnée et cultivée par les humains.

Cultivars d’iris
Cultivars d’hémérocalle Stella d’Oro
Cultivars de cognassier
Cultivars de bulbes d’ail décoratif
Cultivars d’érable rouge
Cultivars de pivoines Itoh (croisement manuel de plantes)

Est-il nécessaire d’utiliser des plantes indigènes dans un jardin?

Et si on trouvait un équilibre entre les plantes horticoles et les plantes indigènes? Les plantes indigènes sont extrêmement faciles à entretenir, voire ne demandent aucun entretien. Elles savent cohabiter harmonieusement avec d’autres espèces et, lorsqu’elles sont judicieusement introduites dans un projet, elles contribuent à sa réussite.

Les plantes indigènes ont aussi un meilleur taux de survie face aux maladies, aux aléas climatiques et aux attaques d’insectes. Elles sont donc souvent recommandées pour des projets de revégétalisation des berges ou de renaturalisation des milieux.

De plus, certaines plantes indigènes sont comestibles. Par exemple, des arbustes comme le sureau du Canada, l’amélanchier du Canada et l’aronia produisent des fruits savoureux. Le tilleul et l’églantier rosier sauvage, quant à eux, offrent de délicieuses fleurs pour préparer des tisanes.

Les avantages et les inconvénients

Pour vous donner un portrait juste, voici les avantages et inconvénients des plantes indigènes.

Cela dit, je privilégie de plus en plus le mélange dans mes aménagements paysagers, et le résultat est vraiment intéressant (voyez par vous-même, avec les photos à l’appui!).

Les avantages des plantes indigènes

Une valeur ajoutée pour votre environnement

L’utilisation des plantes indigènes s’adapte parfaitement à notre climat. Ces plantes permettent de créer des aménagements en harmonie avec les éléments, la faune et les écosystèmes. Leur résistance aux aléas climatiques, aux prédateurs et aux maladies procure d’importants avantages. Choisir des plantes indigènes, c’est garantir une meilleure survie des végétaux et concevoir des aménagements qui soutiennent la faune locale tout en offrant aux humains un espace agréable, source de plaisir et de souvenirs.

Les plantes indigènes sont également remarquables par leur capacité à résister aux caprices de la nature. Elles représentent un patrimoine naturel riche, un lien avec notre véritable identité écologique.

Les services écologiques fournis par les plantes indigènes sont multiples : pollinisation, stabilisation des sols, purification de l’air et de l’eau, et bien d’autres. En plus de nourrir et d’offrir un habitat à de nombreuses espèces, elles apportent des bienfaits psychologiques et favorisent un sentiment d’appartenance à la nature.

Cela dit, les plantes indigènes doivent être choisies en fonction des conditions du site et des objectifs spécifiques de chaque projet. Bien que résistantes, elles ne sont pas invincibles! Cela dit, elles offrent des avantages que les plantes exotiques ou horticoles ne peuvent égaler, et il serait dommage de ne pas en profiter.

Services écologiques pour le bien-être

Les plantes indigènes jouent un rôle important en fournissant une multitude de services écologiques importants pour le bien-être des humains et de l’environnement. Ces services sont les avantages que nous tirons du fonctionnement des écosystèmes, qu’ils soient directs ou indirects. Leur valeur économique est incalculable, tant les bénéfices qu’ils apportent sont vastes.

Voici quelques exemples de services écologiques rendus par les plantes indigènes :

  • Les plantes indigènes contribuent à stabiliser les températures et à lutter contre les changements climatiques.
  • Les plantes indigènes modèrent les températures locales en offrant de l’ombre et en réduisant l’impact des vagues de chaleur.
  • Les plantes indigènes filtrent l’air en absorbant les polluants et en libérant de l’oxygène.
  • Les plantes indigènes aident à filtrer les contaminants de l’eau, contribuant ainsi à maintenir des écosystèmes aquatiques sains.
  • Grâce à leurs racines, les plantes indigènes aident à réguler le flux d’eau, réduisant le risque d’inondation et de sécheresse.
  • Les plantes indigènes participent à la dégradation des polluants dans le sol, le rendant plus sain.
  • En stabilisant le sol, les plantes indigènes préviennent l’érosion et la perte de terres fertiles.
  • Les plantes indigènes contribuent à réduire l’impact des conditions climatiques extrêmes sur les infrastructures humaines.
  • Les plantes indigènes attirent des insectes bénéfiques et limitent la propagation de ravageurs.
  • Les plantes indigènes attirent les pollinisateurs, favorisant la biodiversité et la production alimentaire.
  • Les plantes indigènes facilitent la propagation naturelle des espèces végétales.
  • Certaines plantes indigènes, comestibles ou nourrissantes, enrichissent notre alimentation.
  • Les plantes indigènes offrent des matériaux pour la décoration, comme des fleurs et des fruits.
  • Les plantes indigènes sont utiles pour le maintien de la biodiversité et peuvent être utilisées pour des recherches génétiques.
  • L’interaction avec des plantes indigènes renforce notre santé et notre bien-être.
  • Les plantes indigènes créent des espaces agréables pour la détente, le sport et le tourisme écologique.
  • Les plantes indigènes embellissent les paysages naturels et urbains, en contribuant à la diversité visuelle.
  • Certaines plantes indigènes servent de protection contre le vent, le bruit ou la pollution.
  • Les plantes indigènes inspirent l’art, la littérature et d’autres formes d’expression créative.
  • Les plantes indigènes offrent des opportunités d’apprentissage sur la nature et la conservation.
  • Les plantes indigènes font partie intégrante de nos traditions, de notre histoire et de notre identité culturelle.

Les inconvénients des plantes indigènes

Lorsqu’on choisit des plantes indigènes, on peut avoir tendance à leur attribuer une certaine invincibilité, et c’est là qu’on peut faire l’erreur de les planter en monoculture. Bien que les plantes indigènes soient généralement plus résistantes que d’autres, elles ne sont pas à l’abri des insectes ou des maladies. Si des plantes locales sont atteintes par une maladie et que vous décidez d’en planter davantage sans avoir mis en place un plan de traitement, vous risquez de propager ces maladies. Un exemple flagrant de ce phénomène à Québec est le fléau de l’agrile du frêne, qui affecte mortellement le frêne d’Amérique. Lorsque trop de frênes sont plantés en grande quantité, ils créent un véritable buffet pour l’insecte, ce qui a conduit à la perte massive de ces arbres. Ce principe de plantation en grandes quantités, sur de grandes superficies et sans diversité, s’applique aussi bien aux plantes horticoles qu’aux plantes indigènes.

Certaines espèces de plantes indigènes, notamment celles produisant des baies, peuvent ne pas être idéales pour le jardinage, l’horticulture ou l’agriculture. En effet, les versions génétiquement modifiées de ces plantes, souvent améliorées par sélection artificielle, sont généralement plus productives et intéressantes pour ces usages.

Bien qu’il existe de magnifiques plantes indigènes, elles peuvent être plus difficiles à trouver sur le marché. Ces plantes ont évolué pour attirer les pollinisateurs locaux, et non nos goûts personnels. Beaucoup de jardiniers recherchent simplement un jardin esthétique, mais les espèces indigènes ne sont pas toujours aussi voyantes ou colorées que les plantes horticoles traditionnelles.

Malgré l’augmentation du nombre de producteurs de plantes indigènes, la disponibilité et la variété des espèces indigènes restent encore limitées. Certaines de ces plantes sont aussi plus difficiles à propager commercialement. De plus, certaines plantes indigènes prennent des années pour créer un véritable peuplement dans la nature. Sachez que pour les producteurs, ce processus prend également beaucoup de temps et de patience.

Certaines plantes indigènes sont reconnues pour leur caractère très agressif. Elles ont besoin de cette agressivité dans leur milieu naturel pour survivre, mais lorsqu’elles sont plantées dans un environnement plus contrôlé et confortable, elles peuvent devenir trop envahissantes et perturber l’écosystème (c’est le cas notamment de la comptonie voyageuse, qui affectionne les sols sablonneux et qui impacte les plantations de bleuets). Il est donc toujours judicieux de bien connaître les plantes avant de les implanter dans votre jardin.

Cependant, ces inconvénients sont loin d’être insurmontables. Avec une bonne compréhension des plantes indigènes et une gestion appropriée, tous ces défis peuvent être surmontés. En fin de compte, les plantes indigènes offrent des avantages écologiques inégalés et peuvent être parfaitement intégrées à vos aménagements paysagers si vous prenez le temps de bien les choisir et de les cultiver de manière réfléchie.

La collecte de spécimens sauvages n’est pas idéale, car cela peut avoir un impact négatif sur l’environnement, surtout si un grand nombre de personnes se lancent dans la récolte de plantes sauvages. Par exemple, le magnifique lis du Canada, le ginseng à cinq folioles et l’ail des bois ont été sur-récoltés et sont aujourd’hui considérés vulnérables. Certaines plantes indigènes sont aujourd’hui protégées et leur collecte est interdite, tandis que d’autres sont menacées ou vulnérables, ce qui peut compromettre la survie de l’espèce. Si vous choisissez tout de même d’en cueillir, il est important de bien vous informer sur la plante et de lui offrir les conditions dont elle a besoin pour se développer. En effet, certaines plantes indigènes sont protégées et leur collecte est interdite, tandis que d’autres sont menacées ou vulnérables, ce qui peut compromettre la survie de l’espèce. En vous renseignant, vous vous donnez ainsi plus de chances de réussite, car il serait bien dommage qu’une plante que vous avez récoltée meurt quelques semaines plus tard chez vous. De plus, vous évitez de vous retrouver avec une plante qui pourrait devenir envahissante ou être l’hôte de maladies, et que vous finirez par regretter d’avoir introduite dans votre jardin.

Comment identifier les plantes indigènes adaptées pour notre région?

La Flore Laurentienne est une véritable référence pour les plantes indigènes du Québec. Pour les grands lecteurs et les curieux, cette “bible” de plus de 900 pages regorge d’informations utiles. Il existe également plusieurs fournisseurs de plantes indigènes, tels qu’Aiglon Indigo, Pépinière Rustique et d’autres, qui nous aident à faire nos choix. N’oubliez pas qu’il est important de connaître votre zone de rusticité et d’observer votre terrain avant de sélectionner des plantes, indigènes ou non. Les fournisseurs indiquent généralement la zone de rusticité sur leurs sites web, ce qui vous permet de faire des choix éclairés, tout comme vous le feriez pour vos plantes horticoles. Vous pouvez vous référer à des ressources comme ce blogue portant sur l’éco-jardinage sur lequel vous pourrez consulter un tableau des zones de rusticité pour mieux vous guider.

J’ai également trouvé un lien intéressant ici : Flore Laurentienne numérique. Personnellement, j’ai la version papier 😉 mais cela semble être une excellente ressource en ligne si vous souhaitez en savoir plus.

Quelles sont les erreurs courantes à éviter lors de l’intégration de plantes indigènes?

1. Créer une monoculture

Ce concept devrait être proscrit dans tout type de projet. Planter une seule variété de plante indigène en grande quantité, simplement parce qu’elle vous plaît, peut créer un buffet parfait pour une multitude d’insectes et de pathogènes. Ce type d’installation présente un risque majeur de propagation de maladies et de nuisibles, entraînant des problèmes à long terme. Variez les espèces et favorisez la biodiversité pour un écosystème plus équilibré.

2. Ignorer les besoins spécifiques de la plante

Il est important de bien connaître les plantes que vous intégrez dans votre jardin. Chaque plante indigène a ses besoins en termes d’ensoleillement, de sol, d’humidité et d’entretien. Ne pas s’informer sur ces critères peut entraîner des échecs, voire des nuisances. Prenez le temps de comprendre les spécificités de chaque espèce avant de les planter.

3. Avoir des attentes irréalistes

Les plantes indigènes sont souvent moins structurées que nos plantes horticoles favorites comme les hostas et les hémérocalles. Leur croissance est parfois plus libre et moins ordonnée, ce qui peut ne pas correspondre à la vision esthétique d’un jardin soigné. Soyez réaliste quant à ce que vous attendez de votre jardin et préparez-vous à adopter un design plus naturel et fluide.

4. Percevoir les plantes indigènes comme un fouillis

Les plantes indigènes sont souvent perçues comme un enchevêtrement désordonné, car elles s’étendent librement dans la nature. Cependant, il est possible de les intégrer de manière structurée en les combinant avec des plantes horticoles. En les entourant de plantes bien définies, comme des bordures ou des haies, vous pouvez créer un design harmonieux tout en respectant les bienfaits écologiques des espèces locales.

Maintenant que vous en savez davantage sur les plantes indigènes, laissez-moi vous présenter quelques images de projets où ces plantes ont été intégrées. Vous verrez qu’il est tout à fait possible de créer des décors magnifiques tout en respectant l’équilibre écologique.

Alors, convaincu.e? En plus de tous les bénéfices mentionnés plus haut, introduire des plantes indigènes dans votre jardin favorise la biodiversité et enrichit votre aménagement paysager.

Curieux.se d’en savoir plus sur les plantes indigènes adaptées à la zone de Québec? Restez à l’affût, car je préparerai bientôt un nouveau blog sur ce sujet! 🙂 Continuez de me suivre pour découvrir encore plus d’idées et d’inspirations.