
Dans un article précédent, nous avons exploré le concept de l’éco-jardinage. L’objectif était de vous faire découvrir ses bienfaits, de vous expliquer pourquoi adopter cette approche et de vous montrer à quel point il est simple de transformer votre aménagement.
Aujourd’hui, nous passons à l’action en vous présentant des stratégies concrètes pour savoir comment y parvenir.
Cet article explore des recommandations pour réduire l'impact environnemental de votre jardin, en mettant l'accent sur l'importance de la biodiversité végétale et de la santé du sol, et de faire des choix éclairés pour bien comprendre votre environnement.
Vous trouverez une mine d’informations complémentaires dans d’autres articles disponibles sur mon site Internet. Je vous invite à consulter les liens ajoutés tout au long de cet article pour approfondir le sujet. Bonne lecture!
Quels sont les principes de base du jardin écologique?
L'aménagement d'un jardin écologique respectueux de l'environnement repose sur quelques principes fondamentaux qui nécessitent peu d'entretien à long terme. Voici les principaux :
1. Comment bien choisir ses plantes
- En fonction de l'ensoleillement
Il sera profitable de sélectionner des plantes selon le type d'ensoleillement de votre jardin, que ce soit l'ombre, la mi-ombre ou le plein soleil. Pour en savoir plus, consultez cet article intitulé « Soleil, mi-ombre, ombre, comment choisir les bons végétaux ». L'emplacement idéal d'une plante, en fonction de la luminosité, influencera considérablement son rendement et sa capacité à résister aux aléas climatiques. Certaines plantes peuvent survivre dans des conditions moins idéales, mais pour d’autres, cela peut être fatal. Alors, pourquoi se compliquer la vie? - En fonction du type de sol
Plutôt que de modifier la nature de votre sol, choisissez des plantes adaptées à celui-ci. Les étiquettes des plantes vendues dans les centres jardins, ainsi que les conseils des experts sur place, vous fourniront des informations précieuses pour sélectionner des végétaux adaptés à un sol argileux, sableux ou limoneux. Si vous souhaitez en savoir plus sur l'identification de votre sol, vous pouvez consulter l’article : « Des trucs pour déterminer la nature d’un terrain! ». - Connaître et améliorer la structure du sol
Comprendre et améliorer la structure de votre sol sera d’une grande aide pour atteindre vos objectifs, qu’il s’agisse d’une pelouse verdoyante, de plates-bandes fleuries, d’un potager abondant ou d’un aménagement comestible luxuriant. Une fois que vous avez identifié la nature de votre sol, l’étape suivante consiste à analyser comment les particules d’argile, de sable et de limon sont disposées. Le test de sol sera très utile et vous donnera des piste d’amélioration. - Choisir selon la zone de rusticité
Sélectionner des plantes adaptées à votre zone de rusticité leur permettra d’être plus résilientes et mieux adaptées à votre environnement. Vous pouvez consulter la carte des zones de rusticité ici. Il est également important d'observer votre terrain, notamment les zones avec peu de neige, les zones soumises aux vents dominants et les protections offertes par les bâtiments, qui peuvent créer des microclimats. Petit conseil très utile : À Québec et dans ses environs, nous avons un vent dominant du nord-ouest qui peut être très ravageur durant l’hiver. Il est important de surveiller votre terrain pour identifier son couloir de circulation. Vous devrez peut-être choisir des plantes plus résistantes dans ces zones, par exemple si une de vos plantes n’est pas protégée par la neige lors des grands froids, ou si vous ne pouvez pas la protéger vous-même. Mon expérience m’a montré que chaque terrain a ses petites surprises, positives et moins intéressantes :). L’observation est essentielle, été comme hiver.
- Éviter les plantes vulnérables
Renseignez-vous sur les nouvelles plantes que vous souhaitez intégrer, car certaines peuvent être sensibles à des ravageurs ou à des conditions particulières. Cela vous aidera à choisir des plantes moins exigeantes et plus robustes. - Intégrer des plantes indigènes
Les plantes indigènes, qui font partie de notre écosystème local, sont généralement plus résilientes et moins sensibles au stress. Je prévois aborder ce sujet plus en détail dans un prochain article. - Observer les conditions du site
Prenez en compte le degré d’ensoleillement, la circulation des vents, les zones piétinées et l'espace vital nécessaire aux plantes lorsqu'elles atteindront leur maturité. Ces observations sont très utiles pour créer un aménagement écologique réussi et équilibré.
2. Nourrir le sol
Il est désormais reconnu que le sol est une composante clé pour créer un jardin luxuriant. Il abrite des travailleurs, tant microbiens que non microbiens, qui nécessitent une alimentation adéquate. Voici quelques méthodes simples pour nourrir ces précieux alliés :
- Ajoutez du compost, qui fournit de la matière organique décomposable pour les micro-organismes. J'aime le comparer à un bon steak pour ces travailleurs :).
- Utilisez vos déchets de table compostable, ainsi que les résidus de jardinage ou les surplus de plantes potagères, comme les feuilles non consommées.
- Laissez les plantes sur place afin qu’elles se décomposent durant l’automne et lors de vos tailles. Cela revient à restituer à la terre ce qu’elle a produit, que ce soit des vivaces, des annuelles ou des plantes potagères.
3. Couvrir le sol
- Créer un aménagement en plusieurs strates. Le but est de maximiser l’utilisation de l’espace vertical en créant plusieurs couches de plantes à différents niveaux, ce qui permet de protéger le sol du soleil. Dans cet article, « L’aménagement 3D, donnez du style à vos plates-bandes », j’explique les différentes strates et stratégies.
- Pour encourager la biodiversité, il est important de maximiser l’occupation de l’espace sans laisser de zones vides. Plus l’espace est couvert, plus il devient un terrain attractif pour des organismes bénéfiques, comme les oiseaux et les insectes. Une grande diversité végétale crée des interactions positives entre les plantes et les insectes, ce qui contribue à un écosystème équilibré et proche de celui que l’on retrouve dans la nature.
- Utiliser du paillis, dont les bienfaits sont bien connus. Un paillis organique, comme les feuilles mortes déchiquetées ou le bois raméal fragmenté (BRF), apporte une valeur ajoutée au sol. En plus de le protéger, il le nourrit en se décomposant. Ces paillis organiques maintiennent la fraîcheur du sol pendant l’été, nourrissent le sol, limitent la croissance des mauvaises herbes et offrent un habitat pour de nombreux organismes utiles au jardin. Ils contribuent également à réduire la fréquence d’arrosage de vos plantations. Que de bienfaits! Dans cet article, je démystifie différents types de paillis.
4. L’arrosage
L'eau est un élément indispensable pour la santé des plantes. Cependant, il est fréquent de trop arroser. Pour le jardinier écologique, il est essentiel de cultiver une sensibilité et un réel désir de comprendre les besoins spécifiques de chaque plante. Cela permet de rendre les plantes plus autonomes et résilientes, en privilégiant un arrosage moins fréquent mais plus efficace. Voici quelques stratégies pour améliorer votre arrosage :
- Récupération de l'eau de pluie
Installer des systèmes pour collecter l'eau de pluie, comme des barils, peut être très bénéfique. Par exemple, chez moi, une petite zone de toit dirige l'eau directement vers une plate-bande, ce qui permet de récupérer l'eau de pluie efficacement. - Systèmes d'arrosage goutte à goutte
Ces systèmes réduisent les pertes d'eau en dirigeant l'eau directement aux racines des plantes. Installés avec une minuterie, cela vous permet de faire une bonne gestion de l’apport d’eau. - Observation et ajustement
Prenez le temps d'étudier votre terrain et les besoins en eau de vos plantes. Par exemple, j'ai recommandé à une cliente d'effectuer quelques tests expérimentaux pour évaluer l'impact de l'ajustement de l'eau sur ses plates-bandes. Bien que sa grande cour arrière ne soit pas représentative de tous les terrains, cela a permis de créer trois pages de recommandations et de stratégies adaptées. - Arrosage intelligent
C’est au système racinaire de la plante que l’eau est essentielle durant sa croissance. L’idéal est d’arroser en profondeur tout en espaçant les arrosages. Utilisez des supports adaptés, c’est-à-dire les bons outils ou méthodes. Il existe plusieurs options en magasin, mais il est aussi facile d’en fabriquer. Choisissez une méthode qui réduit les pertes d’eau. Par exemple, dans mes gros pots de plantes potagères annuelles, j’utilise un réservoir d’eau fait d’une simple bouteille vide : le goulot est enfoncé près des racines, et je remplis par le fond coupé. Ainsi, j’arrose seulement 2 à 3 fois par semaine au lieu de tous les jours. D’autres utilisent des retailles de drains perforés, enterrés dans le sol. Ces techniques s’inspirent du principe de l’irrigation par jarre, soit la oya, aussi appelée olla.
5. L’aération du sol sans grand travaux
- Équilibre air-matière dans le sol
Comme chez l’être humain, les micro-organismes et les plantes ont besoin d’oxygène. Chaque couche du sol mobilise un certain nombre de “travailleurs” naturels, accompagnés par l’air, l’eau et la matière organique, pour maintenir cet équilibre essentiel. Autrefois, le labourage était considéré comme la méthode idéale pour décompacter le sol. Cependant, aujourd’hui, on privilégie un travail minimal de la terre et on mise sur les “travailleurs” naturels, tels que les vers de terre, les acariens et d’autres micro-organismes, visibles ou non à l’œil nu. Ce sont eux qui remplacent les grosses machines en assurant l’oxygénation du sol. - Amélioration de la porosité du sol
Pour éviter de déranger constamment ces micro-organismes dans leur habitat, il est important de réduire le labourage. Nourrir le sol avec de la matière organique, incorporer des matériaux comme des mousses, du sable, de la perlite, des feuilles et des branches, utiliser une grelinette et laisser croître des plantes à racines pivotantes, aideront à décompacter le sol naturellement. Évitons de perturber le sol de manière répétée, car cela gêne nos "travailleurs" souterrains :).
Un sol bien aéré et riche en matière organique et en biodiversité retient mieux l'eau et est plus résilient face aux variations de température.
6. Diversifier les végétaux
Intégrer une variété de plantes dans votre jardin, telles que des arbres, des arbustes, des vivaces et des annuelles, rend l’aménagement attrayant pour la faune et les insectes. En favorisant une floraison continue du printemps à l’automne, en ajoutant des plantes indigènes et des plantes pollinisatrices qui nourriront, serviront d’abri et de lieu de reproduction pour plusieurs insectes et petits mammifères, vous augmentez la biodiversité de votre jardin. Cela le rend ainsi plus résilient face aux maladies, aux ravageurs et aux variations climatiques.
En résumé…
Aménager un jardin écologique, c’est désirer créer un environnement qui se rapproche d’un écosystème naturel, ce qui contribue à sa durabilité. Les différents types de végétaux attirent divers animaux, tels que les insectes, les oiseaux et même les reptiles, qui jouent tous un rôle dans l’équilibre de votre jardin. En créant un environnement accueillant, vous favorisez non seulement la vie naturelle, mais vous améliorez également la santé globale de votre jardin… et la vôtre.
L’aménagement d’un jardin écologique repose sur des choix judicieux et des pratiques respectueuses de l’environnement. En vous concentrant sur la réduction des espaces vides, la sélection de plantes robustes et la promotion de la diversité au sein de votre pelouse et de vos plates-bandes, vous pouvez créer un espace qui non seulement embellit votre cadre de vie, mais contribue également à la santé globale de notre environnement. En intégrant ces principes dans vos activités de jardinage, vous favorisez un environnement harmonieux et résilient, capable de résister aux nuisibles tout en nécessitant moins d’interventions chimiques. En définitive, un jardin bien pensé et diversifié est une véritable valeur ajoutée, tant pour vous que pour la nature. Profitez de votre jardin tout en agissant en faveur de la planète, et inspirez vos voisins à adopter également ces pratiques durables.
Sources telles que consultées le 14 février 2025
https://espacepourlavie.ca/indigene-exotique-naturalisee-ou-envahissante
https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/2022249